Œuvre intégrale/parente: L’opera per flauto

Le titre évoque un sonnet du cavalier Marino, lorsqu’il partit de Naples.

Composée en avril 1977, cette musique élégiaque est marquée par un lyrisme mélancolique. Elle exhale une anxiété ambiguë, d’origine mythique, et exprime au plus près ma pensée musicale.

Les dynamiques sont extrêmement réduites, les pianissimi naissent de la nécessité d’un type de son bien précis, mais aussi du désir irrépressible de modifier ce son. C’est une sorte de transformation alchimique. Transformation que les alchimistes, rappelons-le, voyaient comme une quête de la sagesse humaine.

La température doit rester basse et constante pour que l’on obtienne la fameuse pierre philosophale. Mais plus encore, la transformation du son peut aller jusqu’à donner vie à cette pierre.

Dans le langage musical, l’intensité est facteur de contraste. Les divers plans sonores sont le relief de la musique. Mais ici, le pianissimo est aussi un artifice rhétorique, un expédient qui – en éloignant le sujet – élève le style, et suggère la dimension psychologique des grands espaces, la perception ancestrale de la distance infinie, l’expression de l’éloignement.