Notre-Dame-de-la-Doré (Québec), 1938 – Montréal (Québec), 1985
Compositrice

Micheline Coulombe Saint-Marcoux est née à Notre-Dame-de-la-Doré, dans la région du Lac-Saint-Jean, au Québec, le 9 août 1938. Son enfance tout près de la nature, et la maison familiale où l’on chantait toujours, vont marquer sa manière d’explorer la voix (Arksalalartôq) et d’évoquer les paysages naturels (Moustières) dans ses dernières œuvres électroacoustiques.

En 1958, Micheline Coulombe Saint-Marcoux déménage à Montréal afin de parfaire sa formation musicale à l’Institut Cardinal-Léger, avec Yvonne Hubert. Elle étudie ensuite la composition avec Claude Champagne à l’École de musique Vincent-d’Indy de 1960 à 63, puis avec Clermont Pépin au Conservatoire de musique de Montréal de 1963 à 67. En octobre 1982, dans un entretien accordé à Lyse Richer (1984), elle reconnaît devoir à Clermont Pépin son évolution dans la compréhension des principes organisationnels de la grande forme. Et c’est grâce à Claude Champagne qu’elle s’est mise à écrire au grand jour ce qu’elle écrivait en secret depuis longtemps.

En 1965 elle étudie avec Tony Aubin à l’Académie internationale d’été de Nice (France) où elle remporte le Prix René-Poire, son premier prix en composition. En 1967, elle obtient un premier prix en composition au Conservatoire de musique de Montréal avec Modulaire, une œuvre pour orchestre et ondes Martenot, et l’Académie de musique de Québec (AMQ) lui décerne le Prix d’Europe (de composition) qui, pour la première fois, est remis à une femme.

En 1968, à la suggestion de Iannis Xenakis, Micheline Coulombe Saint-Marcoux s’envole vers Paris pour étudier la musique électroacoustique avec le Groupe de recherches musicales (GRM). Elle travaille alors avec François Bayle, Guy Reibel et Henri Chiarucci. Elle suit aussi le cours de Pierre Schaeffer au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, ainsi que des leçons privées de composition avec Gilbert Amy et Jean-Pierre Guézec. Chacun de ces artistes, elle s’en souvient, lui fera connaître un aspect différent de la composition: l’approche créative de la voix avec Guézec, la vision du phénomène musical avec Schaeffer, la connaissance technique de Reibel, l’exploration des rapports entre son et image à laquelle se consacre Parmegiani, la logique de Amy dans l’organisation de la composition, et Bayle qui approche le son avec tant de poésie.

En novembre 1969, elle co-fonde le Groupe international de musique électroacoustique de Paris (GIMEP) avec cinq autres jeunes compositeurs (Eduardo Bértola, Joanna Bruzdowicz, Pierre Boeswillwald, Dieter Kaufmann et Jacques Lejeune). Entre 1970 et 73, le GIMEP présentera des concerts en Europe, en Amérique du Sud et au Canada.

À son retour à Montréal en juillet 1971, Micheline Coulombe Saint-Marcoux se joint au Conservatoire de musique de Montréal. Elle y enseignera jusqu’à sa mort en 1985. Dès son entrée au Conservatoire, elle s’emploiera avec obstination à développer un studio de composition électroacoustique, en collaboration avec ses collègues Otto Joachim et Gilles Tremblay. Désireuse d’intégrer la percussion et la musique électroacoustique à la danse, elle crée en 1971 l’ensemble Polycousmie avec trois percussionnistes montréalais (Pierre Béluse, Guy Lachapelle et Robert Leroux). En avril 1972, avec le journaliste Jacques Thériault, elle organise le Carrefour électroacoustique [trois soirées de musique électroacoustique à la Galerie III du Vieux-Montréal avec la participation des troupes de danse Groupe de la Place royale et Groupe Nouvelle Aire], l’une des nombreuses activités qu’elle organisera en vue de mieux faire connaître la musique électroacoustique.

L’approche du travail électroacoustique de Micheline Coulombe Saint-Marcoux a influencé ses compositions orchestrales, en particulier par la fascination qu’elle éprouve pour la spatialité et pour la trajectoire du son. Dans Hétéromorphie, une œuvre commandée et créée par l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) en 1970, l’orchestre est réparti en quatre sections de manière à ce que les mouvements des sons produits par chaque section soient très bien délimités dans l’espace. Les détails des sons apparaissent puis disparaissent, tels les mouvements d’un mobile.

Micheline Coulombe Saint-Marcoux en est venue à s’intéresser au théâtre musical et elle voulait réussir à créer un organisme professionnel où se rencontreraient des artistes de diverses disciplines. Elle a souvent utilisé les ondes Martenot dans ses compositions; et la voix humaine l’attirait. Des textes de poètes québécois parcourent d’ailleurs beaucoup de ses dernières œuvres. Profondément marquée aussi par les arts visuels, elle a souvent considéré suivre, dans son travail, les mêmes thèmes que ceux suivis par certains peintres de ses connaissances dont Marcelle Ferron.

Micheline Coulombe Saint-Marcoux est décédée relativement jeune [à 46 ans], d’une tumeur au cerveau, le 2 février 1985: «L’engagement social du compositeur se fait d’abord à un niveau personnel. Lorsqu’il est très convaincu de la nécessité de son art, également très conscient des problèmes qui sont inhérents à son art, c’est alors qu’il adopte une attitude que je qualifie de ‘éminemment révolutionnaire’» (Richer 1984: 22).

Andra McCartney [ix-01]