Brillant élève d’Arnold Schoenberg et collaborateur de prédilection de Brecht, le compositeur Hanns Eisler (1989-1962) laisse un héritage marqué par l’Histoire tant dans sa production que dans la réflexion que le compositeur a mené sur le sens de l’œuvre musicale. Fils du philosophe Rudolf Eisler, Hanns Eisler débute la musique en autodidacte avant de devenir l’élève de Schoenberg à Vienne. En 1924, ses études terminées, il part pour Berlin, où il fait la rencontre de Brecht et Piscator. Profondément marqué par la pensée de Marx, ses convictions communistes l’éloigneront de Schoenberg mais son écriture sera toujours empreinte du dodécaphonisme. Devant la menace nazie il s’exile aux Etats-Unis où il collabore avec Charlie Chaplin, et signe les musiques pour des films de Joris Ivens, Fritz Lang, Joseph Losey et Jean Renoir. Victime de la chasse aux sorcières menée par Nixon, il rejoint Brecht en République Démocratique Allemande, Etat dont il signe l’hymne national. Son catalogue comporte une centaine de numéros d’opus, de nombreux lieder, de la musique de chambre, de scène et de cinéma, de chœurs, des œuvres destinées à des amateurs et des chansons sur des textes de Brecht. Tout au long de sa carrière, Hanns Eisler enseigna dans différentes institutions. Ces textes, écrits en Allemagne ou en exil aux États-Unis — certains avec T.W. Adorno ou Ernst Bloch — montrent que Hanns Eisler est aussi un penseur de la musique et de ses rapports avec la société.
[Source: France Musique]