La musique de Michel Longtin remet merveilleusement en question la compartimentation des genres, des styles, des sources d’inspiration. Non seulement intègre-t-elle d’une manière presque corrosive des idiomes musicaux très divers (de la tradition symphonique du nord de l’Europe, jusqu’aux musiques des grands films hollywoodiens), mais elle utilise de façon incroyablement convaincante leur pouvoir expressif. Musique de fragments culturels éclatés, recombinés dans de savantes constructions tributaires autant de la symbolique des nombres que de la science des effets psychologiques immédiatement efficaces. Longtin crée un monde à la mesure de ses désirs et de ses pulsions, un monde musical pleinement enraciné dans son environnement physique et culturel qu’il chérit et honnit tout à la fois. Une des voix les plus originales au Québec.
Né en 1946, Michel Longtin a d’abord reçu une formation axée sur les sciences. Il a complété en 1967 un baccalauréat ès arts au collège des Eudistes à Montréal. Entre-temps, au Banff School of Fine Arts, durant les étés 1963 et 1964, il se consacra à l’art dramatique, à la mise en scène et à la pantomime. Ces moments passés à Banff reviendront dans plusieurs de ses thématiques musicales (Au nord du lac Supérieur, La mort du Pierrot, etc.). En 1968, il décide d’étudier la musique et mène de front des stages en informatique, des études en direction théâtrale et des cours privés de musique avec André Prévost. En 1970, il entreprend des études en composition à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Il obtiendra de cette même institution un baccalauréat en musique (1973) ainsi qu’une maîtrise avec André Prévost (1975) et un doctorat avec Serge Garant (1982).
Parallèlement, il suivra divers cours en musique à l’université McGill et au Royal Conservatory of Music de Toronto. Il a enseigné pendant 22 ans la composition et l’analyse à l’Université de Montréal où il est maintenant professeur émérite. Michel Longtin s’est d’abord consacré à la musique électroacoustique pendant dix ans. Il a amorcé sa Trilogie de la montagne au studio de Bourges (France) en 1977 pour la compléter au studio de l’université McGill en 1980. Ses thématiques, autant en musique instrumentale qu’en électroacoustique, reflètent un langage expressionniste pourtant très personnel. Une musique souvent à programme s’exprime à travers des pièces comme la Trilogie, La route des Pèlerins reclus, Lettre posthume de Conrad et Quaternions.