Olivier Messiaen (France, 1908-1992) fut, sans conteste, l’un des grands compositeurs les plus influents et originaux du XXe siècle. Le respecté critique et compositeur new-yorkais Virgil Thomson a écrit à propos de l’œuvre de Messiaen: «ce que l’on remarque tout de suite lorsqu’on écoute ses pièces c’est qu’elles captent l’attention. Elles ne sont à nulle autre pareille. Leur texture… est fraîche et puissante. … Et même si elles sont empreintes d’une certaine banalité mélodique qui peut agacer certains, et si le mysticisme de leur titre pompeux peut déplaire à d’autres, il est impossible, lorsqu’on se familiarise avec ses œuvres majeures, de nier l’immense talent de leur auteur. Qu’on les aime ou non est sans importance.»
Le mysticisme dont fait mention Thomson ne fut pas une simple tocade du compositeur. Messiaen fut en effet habité de tout son être et de tout temps par la mystique, convaincu que la musique devait pouvoir exprimer les «sentiments nobles et surtout le sentiment religieux exalté par la théologie et les vérités de notre foi catholique». Fervent catholique dès son enfance, Messiaen puisa sa force dans sa foi profonde et inaltérable. Néanmoins, il semble s’être également inspiré de certains rites païens. De son propre aveu, il aspirait à créer «une musique iridescente enveloppant les sens des auditeurs de plaisirs délicats et voluptueux qui les guident tout en douceur vers l’arc-en-ciel théologique, finalité même de la musique». Cette aspiration a pris corps dans des œuvres magistrales comme le Quatuor pour la fin du Temps (1941), les Vingt regards sur l’Enfant-Jésus (1944) et Saint François d’Assise, opéra-fleuve de quatre heures présenté la première fois à Paris en 1983. Son autre œuvre monumentale du genre, Turangalîla-Symphonie, est une composition en dix mouvements d’une durée de près de 80 minutes.
[ii-15]