Depuis les années 1980, la musicienne et compositrice Elisabeth Schimana est une des pionnières autrichiennes de la musique électronique avec des projets marqués par une approche radicale et une esthétique tout aussi peu conventionnelle. Après une formation en technique vocale, elle obtient des diplômes en composition, en informatique musicale, en musicologie et en ethnologie. Elle a travaillé de manière intensive avec le thérémine à Moscou et avec le synthétiseur Max Brand à Vienne. Elle a créé non seulement d’innombrables œuvres radiophoniques en coopération avec l’ORF Kunstradio, mais aussi de nombreuses installations sonores et des projets interdisciplinaires et performatifs. Ses concepts d’installations expérimentales explorent le champ social et mettent à l’épreuve de nouvelles façons d’interagir musicalement sur Internet. Dans son travail artistique, Schimana se penche sur les questions de l’espace, de la communication ou du corps dans sa présence ou son absence et notamment sur la transmission de concepts compositionnels (partitions), ce qui donne lieu à des approches totalement nouvelles qui explorent expérimentalement la manière dont nous entendons et exigent une présence musicale accrue de la part de l’interprète. Son approche approfondie l’a également conduite à fonder l’Institute of Media Archeology (IMA), qui se consacre depuis 2005 aux médias acoustiques, à l’interface analogique/numérique et aux thèmes de la femme, de l’art et de la technologie. L’œuvre de Schimana, primée et jouée dans le monde entier, couvre toute la gamme de la composition et du jeu libre, est inextricablement liée à elle en tant qu’interprète en direct, fait référence à des positions historiques, mais résiste à toutes les tentatives de catégorisation et s’impose, de manière frappante et réduite, avec une formidable intensité.
Milena Meller [ii-23]