Montréal (Québec), 1966
Organisme

Walter Boudreau, directeur artistique

La Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) fut fondée en 1966 par les compositeurs Serge Garant et Jean-Papineau Couture, la musicologue Maryvonne Kendergi, le chef d’orchestre Wilfrid Pelletier qui était aussi le directeur du service de la musique du ministère des Affaires culturelles du Québec, et Hugh Davidson de Radio-Canada. La SMCQ a pour mandat de promouvoir et de diffuser la création musicale contemporaine québécoise, canadienne et internationale.

L’une des particularités de la SMCQ réside dans sa structure. En effet, rares sont les organismes de musique contemporaine à avoir résisté aussi bien aux assauts du temps. Après 33 années de fonctionnement, la Société jouit d’une réputation exceptionnelle et perpétue l’objectif de ses fondateurs tout en faisant sienne de nouvelles façons de penser et de faire. Dirigée par et pour les compositeurs et leur musique, la SMCQ a eu successivement trois compositeurs comme directeurs artistiques: Serge Garant (de 1966 à 1986), Gilles Tremblay (de 1986 à 1988) et depuis 1988, Walter Boudreau. Serge Garant fut l’âme de la Société pendant près de vingt ans. Il a largement contribué à la formation de toute une génération de musiciens québécois en ce qui concerne la création et l’exécution de la musique contemporaine. Suite à la mort prématurée de Serge Garant, Gilles Tremblay prend en main la société au cours de deux années d’intérim après lesquelles Walter Boudreau débuta son mandat. En 1991, lors du 25e anniversaire de la SMCQ, les réalisations artistiques de la Société sous la direction de ce dernier furent récompensées par le Grand Prix de la Communauté urbaine de Montréal.

Afin de constituer une programmation qui reflète la richesse et la diversité de la création musicale au Québec, la direction artistique de la SMCQ s’adjoint un comité artistique formé de certains des compositeurs québécois les plus marquants. Au fil des ans les compositeurs Raynald Arseneault, Linda Bouchard, Denys Bouliane, Michel-Georges Brégent, Micheline Coulombe St-Marcoux, José Évangelista, Michel Gonneville, Denis Gougeon, Jean Lesage, Bruce Mather, Isabelle Panneton et John Rea ont participé aux délibérations de ce noyau artistique essentiel au bon fonctionnement de la Société.

Le premier concert de la SMCQ eut lieu le 15 décembre 1966. Depuis, la Société offre une saison montréalaise de six concerts à laquelle se greffent des concerts hors série à Montréal et en région, ainsi qu’une importante série d’activités destinées au jeune public. La SMCQ compte à son actif une douzaine de tournées au Québec, au Canada et en Europe soit près de 300 concerts et plus d’une vingtaine d’enregistrements.

Si les programmes de la SMCQ accueillent les plus grands noms étrangers de la musique du XXe siècle (Berio, Cage, Ligeti, Messiaen, Stockhausen, Xenakis, Boulez), ils sont aussi le berceau d’une nouvelle musique québécoise qui possède désormais une identité et une force propre reconnues à travers le monde. Les œuvres de Boudreau, Garant, Gougeon, Rea, Schafer, Tremblay, Vivier, pour ne citer que quelques noms, ont vu le jour à la SMCQ pour y être, dans bien des cas, rejouées à plusieurs reprises.(1) Le comité artistique prête une attention particulière aux talents des jeunes compositeurs québécois et canadiens, et se préoccupe de promouvoir leurs œuvres dans le cadre solidement campé des concerts de la SMCQ. Au cours des ans, grâce aux bourses du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec et de Radio-Canada, la SMCQ a créé ou commandé plus de 200 œuvres.

Formation à géométrie variable de 5 à 45 musiciens du plus haut niveau, l’Ensemble de la SMCQ constitue le noyau central des interprètes de la Société auquel viennent se joindre des solistes et des groupes invités québécois, canadiens et de partout dans le monde. Parmi ceux-ci, nommons la soprano Marie Danielle Parent, le clarinettiste André Moisan, la flûtiste Lise Daoust, les pianistes Louise Bessette, Marc-André Hamelin, Louis-Philippe Pelletier et Moritz Eggert, l’Ensemble InterContemporain dirigé par Pierre Boulez, le Collegium vocal de Cologne avec Karlheinz Stockhausen, le Groupe Cage, Steve Reich and musicians et les Percussions de Strasbourg. Depuis quelques années, en plus de ses propres concerts, la SMCQ s’engage régulièrement dans d’importantes coproductions avec des organismes renommés tant en musique qu’en danse, tels que l’Orchestre symphonique de Montréal (OSMCQ I, II et III) et la compagnie de danse O Vertigo.

Depuis 1997, la SMCQ développe un vaste projet éducatif en musique contemporaine. Produire des concerts pour les jeunes ne relève plus de l’improvisation, et l’objectif de SMCQ Jeunesse est d’aller bien au-delà des sentiers battus. Outre la nécessité d’ouvrir d’autres horizons, les activités pour le jeune public de la SMCQ sont génératrices de rêves, de projets et de goûts musicaux nouveaux. Après avoir «revisité» le conte moderne avec des œuvres comme Le Piano muet de Gilles Vigneault et Denis Gougeon, SMCQ Jeunesse entame une série de productions d’avant-garde commandées à de jeunes compositeurs et auteurs québécois.

Michel Duchesneau

(1) «… le sifflement des vents porteurs de l’amour…» de Gilles Tremblay a été, par exemple, exécuté 25 fois à la SMCQ.