Voici, à découvrir chaque jour jusqu’au 18 mai, les treize poèmes de Sandeep Bhagwati qui ont inspiré sa dernière création, Niemandslandhymnen.

Traduction française de Louis-Patrick Leroux (la traduction française ne cherche pas à recréer la rime tierce dans sa forme, mais propose plutôt une traduction en forme libre de l’anglais).

XI — OCÉANS

Notre voix au-dessus du vacarme des chœurs océaniques
N’est pas unique, ni mélodieuse, ni même douce — rien que la nôtre.
Nos larmes ne valent pas plus que celles des comparses attristés,

Rappels salins de puissances diluviennes latentes,
Alors qu’au creux des abysses des courants inquiétants
Déferlent et grondent sous l’épiderme pourpre de la mer rugissante.

Le tsunami prend le littoral avec abandon et une grâce acharnée,
de vastes territoires soudainement délavés, libérés de l’humain, fouettés, meurtris par les secousses, la fusion nucléaire, la débâcle entendue…

N’empêche, nous nous ruons vers les plages, scrutons l’écume, nous perdons
Dans le ressac régulier des vagues, sa musique ancienne, réconfortante,
Comme si elle nous chantait un avenir avenant.

Nouvelle publiée le mercredi 17 mai 2017.