soprano et petit ensemble
Trois recompositions, trois déconstructions radicales d’une même pièce: le fameux Ave Maria de Charles Gounod, lui-même prenant appui sur un intertexte, le premier Prélude du Clavier bien tempéré de J. S. Bach.
Chaque fois, j’expose un point de vue différent sur l’intertexte. Ma stratégie compositionnelle est ici d’ouvrir plusieurs pistes de réflexion sur une même œuvre et de suggérer à l’auditeur que chacune de mes interprétations déstabilise, en quelque sorte de l’intérieur, l’intertexte musical de Gounod.
Selon Jacques Derrida, la déconstruction révèle les multiples couches de sens de l’œuvre dans le langage, elle remet en question l’idée qu’un texte a un sens immuable et unifié. La lecture déconstructiviste trouve continuellement des modèles de dislocation à l’œuvre dans les textes, ouvrant de multiples perspectives de pensée qui ne peuvent être unifiées.
Le concept Bloomien de misreading est aussi un outil utile pour comprendre cette œuvre. Transposant, dans le monde du son, les approches révisionnistes qu’Harold Bloom développe dans ses œuvres phares telles The Anxiety of Influence ou A Map of Misreading, la pièce pourrait être une tessera. Selon Bloom, dans une tessera: a poet antithetically “completes” his precursor, by so reading the parent poem as to retain its terms but to mean them in another sense, as though the precursor had failed to go far enough.
Un poète «complète» antithétiquement (ou «par antithèse» ou «de manière antithétique») son précurseur, en offrant une autre lecture du poème parent de manière à en conserver les termes en leur donnant un autre sens, comme si le précurseur n’était pas allé assez loin.
Stratégies de composition où les œuvres du passé se révèlent à des niveaux multiples et permettent des lectures diverses qui donnent lieu à des erreurs de lecture intentionnelles.
Le but est de révéler des possibilités cachées dans ces compositions peut-être trop familières.
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Exécution
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Dimanche 27 mars – mardi 27 septembre 2022